23) Joindre les deux bouts à Sainte-Sévère-sur-Indre (1789)

Il est à remarquer que cet hiver 1789 a frappé par sa longueur et sa dureté toute la province de Berry (nous l’avons vu à Palluau ou encore à Vouillon). L’hiver long était redoutable dans le sens où la « soudure » était impossible. Souvent après une mauvaise récolte due à un accident climatique, un gel tardif et surtout un printemps et un été pluvieux, le stockage et la spéculation font grimper le prix du pain, en particulier à l’approche de « la soudure », dans les semaines voire dans les mois précédent la récolte suivante.

Le curé de Sainte-Sévère les a lui aussi relatés.

« 1789

Année singulièrement remarquable.
De mémoire d’homme on n’a pas éprouvé un hyver
aussi cruel que celui de cette année. Le froid ayant
commencé se faire vivement sentir le dimanche 24
novembre de l’année dernière, a toujours été en augmentant
avec un vent de nord très grand et très vif jusqu’au trois
décembre suivant, que le tems a paru se radoucir, alors
il tomba un peu de pluie et de neige. Le lendemain 4
une pluie abondante et très froide. La nuit suivante, du
verglas et de la neige, et le 5 la neige tomba tout le jour,
de sorte qu’il en avoit dans ce pays cy communément
un pied sur terre. Ensuite le froid devint si violent que les
rivières et les ruisseaux ont gelé à porter les plus lourdes
voitures. Cette rigueur a duré et même toujours été
en croissant jusqu’au 8 janvier de la présente année.
Pendant ces six semaines le froid a été si considérable
notamment les trois derniers jours de l’année précédente,
la veille et le jour des Roys, que tous les moulins des
environs ont été arrêtés par la gelée. Celuy de Sainte
Sévère l’a également été plusieurs jours. Nos boulangers
étoient obligés d’aller moudre de côté et d’autre, même
jusqu’à Saint Jeanvrin au-delà de Châteaumeillant, et encore ne
pouvoient ils fournir le public. Tout le monde étoit dans
l’allarme, et ce n’étoit pas sans cause : car personne icy
ne s’étant précautionné de farine, il en seroit mort de
faim un grand nombre, faute de pouvoir alors faire moudre,
si le dégel ne fût survenu comme par miracle. »

Voir le document  

Source : registre paroissial de Sainte-Sévère

Cote : AC 07/GG 07, vues 131 à 135